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La douleur neuropathique

le 08/02/2021

Focus sur la douleur neuropathique et sa prise en charge

La douleur neuropathique concerne directement le système nerveux. Périphérique, lorsqu’elle touche des nerfs situés à l’extérieur de la moelle épinière, elle est centrale lorsqu’elle se manifeste au niveau du cerveau ou de la moelle épinière. Souvent difficile à prendre en charge, ce dysfonctionnement des nerfs amène ceux-ci à transmettre des signaux de douleur sans réelle cause.

Le Dr Nadjet Saadallah-Bouchemot est algologue, soit médecin de la douleur. Au sein d’un institut spécialisé dans ce type de prises en charge et établi à l’Hôpital privé Clairval (Marseille, Provence-Alpes-Côte d’Azur), elle reçoit régulièrement des patients souffrant de douleurs neuropathiques qui représentent environ 20 % des  douleurs  chroniques.

Vers la création de parcours de soins

L’Institut d’Algologie de Clairval a officiellement ouvert ses portes en octobre 2020. Il accueille les patients douloureux chroniques sur rendez-vous. La consultation initiale permet une première évaluation pour définir un projet de soins personnalisé. « Nous souhaitons développer des parcours de soins, notamment en gynécologie afin d’appréhender l’endométriose et les douleurs pelvi-périnéales, en ORL pour les douleurs complexes et réfractaires de la face et proposer l’analgésie intrathécale pour les patients souffrant de douleurs cancéreuses rebelles », introduit la spécialiste.

Le Dr Saadallah-Bouchemot est également médecin coordinateur de l’institut. « Pour prendre en charge les patients de manière optimale, une équipe pluridisciplinaire œuvre chaque jour dans le service. C’est une douleur aux multiples facettes. » Neurochirurgiens, neurologues, rhumatologues, psychiatres et parfois même gériatres sont nécessaires. « Des acteurs non médicaux comme des kinésithérapeutes, des ostéopathes, art-thérapeutes et praticiens de médecine chinoise apportent aussi leur expertise dans la prise en charge des patients, souvent incompris. »

Un sujet encore tabou

Les patients traités à l’institut le sont soit en consultations externes, soit en hospitalisation complète ou de jour. La première difficulté qu’ils rencontrent ? Obtenir une crédibilité au regard de leur douleur, sans cause probante. « Si la douleur neuropathique est bien présente, ses causes restent parfois fastidieuses à découvrir. C’est pour cela qu’aujourd’hui encore, c’est un sujet tabou compliqué à diagnostiquer », explique le Dr Saadallah-Bouchemot.

À pathologie sous-estimée, douleurs non traitées. « Dans l’institut, nous proposons un large panel de traitements thérapeutiques pour ce type de douleurs. Après des évaluations pluridisciplinaires, nous mettons en place la prise en charge la mieux adaptée. Nous privilégions les techniques non médicamenteuses, comme l’acupuncture ou la neurostimulation transcutanée à visée antalgique. » Parmi les techniques médicamenteuses, l’application de patch de capsaïcine à 8% ou les injections de toxine botuliques offrent un soulagement intéressant et surtout préservent la qualité de vie devant l’absence d’effets secondaires. « On propose, en dernier recours la neurostimulation médullaire ou l’analgésie intrathécale dans certaines situations après réflexion pluridisciplinaire. »

La spécialiste rappelle avant tout que la douleur neuropathique n’est pas une fatalité et qu’il existe des solutions adaptées à chaque patient. Le premier pas vers le soulagement est le dépistage à l’aide d’outils validés. « D'où l'importance de communiquer et de former les professionnels de santé quel que soit leur lieu d’exercice. »